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Par la fenêtre ouverte pour laisser passer l'improbable fraîcheur de la nuit de ce mois d'août qui n'en finit pas de déshydrater nos corps moites, perce le premier rayon de soleil. 
 
Closes d'un sommeil encore lourd, mes paupières ne suffisent pas à faire obstacle à la lumière de l'astre qui éprouve un malin plaisir à titiller ma rétine rétive à s'éveiller au jour qui naît.  
 
Pour fuir cette lumière importune, et sans même l'avoir voulu, rageusement je lui tourne le dos. Mon corps nu, sur les draps froissés reçoit alors comme une caresse impalpable. Dans sa lente montée au firmament, Phébus sur ma peau bronzée, promène, à son rythme, ses rayons déjà chauds, tels les doigts langoureux et quelque peu pervers d'une hétaïre consciencieuse 
 
Au clocher du village, tintent sept coups. La brise matinale apporte jusqu'à moi la vibration ouatée du bronze malmené par un bedeau toujours à l'heure et fermement convaincu de faire œuvre de charité en rappelant aux fidèles - et aux autres qui s'en passeraient bien - qu'il y a messe tous les jours et qu'il serait très heureux de voir aujourd'hui dans sa chapelle plus de monde que les trois ou quatre bigotes habituelles.  
 
Il est l'heure de se lever. 
 
Maudissant les bedeaux, les clochers, les églises, et même ce soleil qui, lorsqu'il sera haut, va transformer ce jour en une insupportable fournaise, d'un effort surhumain, je me dresse à moitié. 
A moitié seulement, car il ne me faut point, en un seul mouvement, épuiser l'énergie qu'une nuit tout entière accumula en moi. Alors, et alors seulement, j'ordonne à mes paupières de s'entrouvrir un peu. 
 
Le blanc immaculé des murs m'agresse avec tant de hargne qu'aussitôt l'envie me prend de replonger dans mon oreiller, d'y enfouir ma tête et de ne l'en plus lever. Mais le bedeau, au loin, renouvelle son appel. Grand connaisseur de la nature humaine, il sait bien, lui, qu'il ne faut pas laisser de répits aux hommes de peu de foi.. Il me faut donc me résigner. Sur mon lit je m'assois. Prenant bien garde de poser sur le sol, en premier, le pied droit - Se lever du pied gauche est fortement déconseillé à qui attend de la vie un peu de bonheur et de joie.-  
 
Mes yeux enfin sont grands ouverts La lumière du jour me devient supportable. Doucement, je contourne le lit et vais à la fenêtre pour fermer les volets, évitant de faire le moindre bruit..... pour ne pas l'éveiller. 
 
Elle est là, couchée nue, elle aussi. Les rayons du soleil n'atteignant pas cette moitié de lit, elle n'a pas été importunée par ce lever intempestif. Sa respiration régulière atteste de son parfait sommeil et même les cloches n'ont pu y mettre fin. Dors, mon amour. Les vacances c'est fait pour ça. 
 
La chambre est à présent plongée dans la pénombre. Sur les draps bleutés, ses formes généreuses dessinent en relief d'appétissants contours. Il me semble soudain que mon pouls s'accélère, l'idée me vient de t'éveiller.. Mais comme d'habitude je n'en ferai rien. Je m'en vais donc, un peu frustré, l'humeur morose, préparer le café.. 
 
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