EXTRAIT du Tome 3 des MEMOIRES PHALLIQUES  :
PARTAGE SANS CONTRAINTE 
Et nous voilà grimpant les escaliers quatre à quatre. On frappe à la porte du 14, une voix féminine nous dit : Qu’est-ce que c’est ? - C’est nous. - J’arrive. 
La porte s’entrebâille, un œil noir nous dévisage par l’interstice et la porte s’ouvre en grand. Nous entrons. Alain est dans le lit et nous regarde en souriant béatement. Dans notre dos la porte se referme. On se retourne. Anne tourne lentement la clé dans la serrure et nous fait face, pas le moins du monde gênée d’avoir pour tout vêtement une minuscule serviette éponge qui a bien du mal à cacher à la fois sa généreuse poitrine et la totalité de son pubis dont on devine en lisière de la serviette quelques poils aventureux. 
On vous dérange peut-être, dis-je d’un ton malicieux ? 
Non, pas du tout, répond-elle. J’allais prendre un bain et nous nous apprêtions à descendre pour vous retrouver. 
Bon, alors on va vous attendre en bas.  
Vous pouvez rester si vous voulez. On était justement en train de réfléchir à ce que nous allions faire pendant les prochaines 24 heures. Vous avez une idée, vous ? 
Non, mais on espérait que les Nantaises que vous êtes nous feraient des suggestions intéressantes. Et toi Alain, tu as une idée ? 
J’en avais une, mais Anne et moi on vient de la mettre à exécution. Alors maintenant, à part recommencer, je vois pas trop, dit-il en riant. 
Si j’en crois ce que je vois, dis-je en désignant du doigt la table de nuit, le bromure n’a pas eu trop d’effets néfastes sur ta virilité. En effet, alignées comme à la parade, trois capotes anglaises témoignaient des dernières occupations des deux tourtereaux. 
Je vais prendre mon bain, dit Anne.  
 
Trente secondes après l’eau coulait dans la baignoire. On profita de cet instant pour demander à Alain s’il avait eu des difficultés pour amener sa compagne jusque dans le pieu. 
Pas la moindre. Après votre départ, on a discuté un petit moment. Je lui ai proposé d’aller faire un tour en ville. Elle m’a dit qu’il faisait trop chaud pour marcher au soleil, et qu’on était bien mieux au frais. On est resté là encore un moment à se bécoter. J’ai senti qu’elle en voulait, alors je me suis lancé en lui disant qu’on serait peut-être mieux dans l’intimité de la chambre. Et tu sais quoi : Elle m’a dit on y va. 
Comme ça ? 
Ouais, comme ça.  
Elle est bonne ? 
Putain, oui. Et crois-moi, c’est pas une novice. La preuve, les capotes. C’est elle qui les avait dans son sac. 
Non ? 
Et oui. Quand une fille est outillée de la sorte, c’est que c’est une habituée de la grimpette. D’ailleurs, vous avez vu, même pas gênée d’être à poil devant nous trois. J’ai jamais vu ça. Et vous ? 
J’ai déjà connu ça, dis-je. Je vous raconterai un jour, ça vaut le coup. En attendant qu’est-ce qu’on fait ? 
D’abord je vais me laver la bite, dit Alain, après on verra. 
 
Il s’extrait des draps qui recouvraient sa nudité et s’en va, bite au vent, rejoindre Anne dans sa baignoire. On leur dit qu’on va les attendre en bas, mais au moment où nous allions ouvrir la porte on frappe contre icelle. On ouvre. Michelle et Madeleine sont là, tout sourire et nous demandent si elles peuvent entrer. La réponse étant oui, elles entrent et voyant l’état dans lequel les amoureux ont laissé le lit, elles demandent ingénument qui s’est battu la dessus. Après quoi nous avons droit chacun au baiser de ces demoiselles qui nous disent être bien contentes de nous retrouver, persuadées qu’elles vont passer un excellent week-end. Nous aussi. 
Entendant les bruits d’eau émanant de la salle de bain, Michelle sans hésiter y dirige ses pas et y entre sans même s’annoncer. Elle dit : Salut vous deux, la vie est belle ? Mado, viens voir. 
Madeleine la rejoint et on les entend pouffer. Ne voulant pas être en reste, on y va aussi.  
Emergeant de la mousse deux têtes hilares nous regardent. 
Et alors, vous n’avez jamais vu des gens prendre un bain, dit Alain. 
Si, Si mais c’est marrant de vous voir tous les deux là-dedans. 
Bon, peut-être que si vous vouliez bien retourner dans la chambre, on pourrait s’extraire de là et s’habiller. 
Oh ! ça va, monsieur est pudique. On vous laisse. Amusez-vous bien. 
 
On retourne tous dans la chambre. Madeleine se laisse tomber sur le lit d’angle qui, n’ayant pas été utilisé, a gardé sa dignité. Elle s’y allonge de tout son long non sans y avoir au préalable jeté négligemment son sac ; D’un mouvement rapide des jambes elle se débarrasse de ses escarpins et prenant la position du fœtus semble vouloir dormir. On dirait un enfant. Son chemisier blanc laisse entrevoir la naissance des seins qu’elle a petits et le haut du soutien-gorge qui ne doit avoir aucun mal à les soutenir. Une jupe droite, d’un blanc immaculé dévoile à partir des genoux des jambes au galbe parfait. Les pieds sont petits, l’ongle de chaque orteil décoré d’un rouge assorti à celui de ses mains et de ses lèvres. C’est à la fois érotique et placide. Gérard et Michelle pendant ce temps sont restés debout au milieu de la chambre, enlacés et s’en donnent à bouche que veux-tu. Tout seul, debout aussi, à côté de Madeleine, je me dis que je dois avoir l’air d’un con. C’est alors que Michelle aperçoit sur la table de nuit les trois capotes abandonnées. Elle pousse un « NON » horrifié, s’écarte de Gérard, et désignant les trois caoutchoucs nous dit « Ne me dites pas que tous les trois, avec Anne, vous avez…. ? 
Vous avez quoi ? demande Gérard 
Ben, heu ! fait, fait heu ! fait la chose 
 
Le « non » horrifié de Michelle a fait se redresser Madeleine sur son lit. Elle découvre aussi les condoms oubliés. 
Ben mes salauds, vous vous êtes pas embêtés en nous attendant. 
Mais c’est pas du tout ce que vous croyez, dis-je, après avoir enfin compris la méprise. C’est simplement Anne qui a su faire en sorte qu’Alain lui démontre plusieurs fois combien elle lui plaisait. Y a pas de mal ça. 
 
C’est le moment que choisit Anne, vêtue à nouveau de sa mini serviette, pour jaillir de la salle de bain. Je viens chercher mes affaires dit-elle. Lesquelles affaires sont éparpillées un peu partout dans la pièce. Tenant sa serviette d’une main, se baissant pour les ramasser de l’autre, elle ne se rend pas compte que dans le mouvement elle nous donne à voir à la fois son postérieur qu’elle a mignon mais aussi sa vulve rose et noire à la fois. On se regarde tous les quatre en éclatant de rire. Ce rire n’a pas l’heur de plaire à la demoiselle qui regagne, l’œil noir, la salle de bain, inconsciente du spectacle qu’elle vient de nous offrir. 
Je m’assois à côté de Madeleine et lui dis 
c’est un cas ta copine, non ? Tu as cru toi aussi qu’on s’était amusé tous les trois avec elle ? 
Ça aurait pu non si elle avait voulu ? 
Et tu crois qu’elle aurait voulu ? 
J’en sais rien moi, je suis pas dans sa tête. 
Gérard, tu veux bien m’amener mon futal ? C’est Alain qui du fond de la salle humide réclame de l’aide.  
Désolé, mon pote, je suis occupé, lui répond Gérard qui effectivement entretient avec sa compagne une conversation rapprochée. 
Moi aussi dis-je, avant même qu’il me pose la question, et afin de ne pas être trop éloigné de la vérité, je prends Madeleine dans mes bras, la bascule à l’horizontale et l’embrasse à pleine bouche. C’est l’heure de vérité. Sa langue me fait rapidement comprendre que la soirée sera des plus agréables. 
Du coin de l’œil j’entrevois Anne, à présent rhabillée, qui vient récupérer les vêtements de son homme. 
Alain et Anne, habillés, coiffés, pomponnés, sortent enfin définitivement de la salle de bain. Ils découvrent nos deux couples enlacés, mais toujours habillés, en train de faire plus ample connaissance avec des mains qui s’introduisent partout. 
Je m’excuse de vous demander pardon, m’sieurs-dames, mais vous baisez tout de suite où on va grailler d’abord ?. Parce que moi, mes exercices de l’après-midi m’ont donné une petite fringale. Les restos ferment de bonne heure, les lits, eux, sont ouverts toute la nuit. Alors, si vous restez là, Anne et moi, on va se dégourdir les jambes et manger un morceau. 
 
Pour répondre, j’abandonne à regret les lèvres de Madeleine 
 
T’es pas un peu du genre chiant, toi ? Tu vois bien qu’on est occupé ?  
Eh ! Moi c’est pour vous. Il est déjà près de huit heures, c’est samedi, les restos sont bourrés. Ensuite la nuit sera toute à nous. 
Bon descendez, on va discuter entre nous de la suite à donner à ta demande. On vous rejoint en bas dans un moment. 
C’est ça, donne-moi ta réponse en quatre exemplaires.  
Ils sortent en faisant claquer la porte. Je regardai Madeleine.  
Qu’est-ce que tu en penses lui dis-je. Comment vois-tu le reste de la soirée ? On sort chacun de notre côté ou on reste en groupe. 
Michelle tu nous donne ton avis ? 
Personnellement dit-elle, je préférerai qu’on sorte tous les six ensemble. Je crois qu’on s’éclaterait mieux. On avait bien rigolé l’autre soir, non ?  
C’est vrai, on se fait un petit resto, et puis on peut aller en boite après.  
Moi je suis d’accord, dit Gérard, et toi Pascal ? 
Si tout le monde est d’accord, pourquoi pas.  
Alors c’est adopté, conclue Madeleine en se levant.  
 
Elle remet ses chaussures, défroisse sa jupe de quelques coups de main rapides, rajuste son chemisier, m’attrape par les mains pour me faire abandonner ma position assise, m’attire contre elle et m’embrasse en me disant : « Je crois qu’on va passer une bonne soirée. » Gérard et Michelle sont prêts également. Nous descendons retrouver nos deux amis.  
La température était à présent plus supportable. On déambula sur le cours des Cinquante Otages, on grignota quelques crêpes dans une crêperie que les filles trouvaient sympathique. On était heureux, joyeux, insouciants.  
Je ne sais plus trop laquelle proposa un nom de boite où l’on pourrait danser jusqu’à l’aube. On approuva l’idée à l’unanimité, bien que danser toute la nuit n’entrât pas dans la liste de mes priorités.  
Dans une rue étroite et tortueuse, l’enseigne bleue du « Hot Cat » dispensait une lumière blafarde et clignotante. Deux malabars en tenue de flics US en gardaient jalousement l’entrée. Avec un ensemble parfait ils dirent : Bonsoir mademoiselle Anne. Laquelle répondit « salut mes mignons. » On est ensemble ajouta-t-elle en désignant notre petit groupe. Ils s’écartèrent. Une porte dissimulée par de lourds rideaux sombres donnait accès à un escalier raide et étroit, heureusement sécurisé par des cordages de chanvre accrochés aux murs. Sitôt franchi le seuil, Un air de jazz parvint jusqu’à nous.  
En bas des marches, un type immense qui devait bien mesurer 2 mètres, voire plus, et large comme une montagne nous accueillit comme s’il nous avait toujours connus, me broyant la main sans même s’en rendre compte, embrassa chaleureusement nos compagnes en les appelant par leurs prénoms, leur dit « Une table pour six ou une loge ? » « Plutôt une loge dit Anne ». Il nous dit suivez-moi !.  
Ce que nous fîmes dans une quasi obscurité. Seules quelques faibles ampoules dispensaient par-ci par-là un semblant de lueur que reflétaient quelques verres sur des tables basses. On traversa la piste de danse ou trois couples s’agitaient dans des figures compliquées, pour arriver au fond de la salle face à un mur en arc de cercle qui épousait parfaitement la forme de la piste et qui avait la particularité d’être habillé du sol au plafond d’un immense rideau de velours sombre qui s’avérera être rouge lorsque l’on put le voir à la lumière. Notre guide appuya quelque part dans un interstice du rideau et un pan de celui-ci s’écarta, dévoilant ce qui ressemblait fort à une large baie vitrée dont la partie basse se situait à environ un mètre soixante du sol. Il ouvrit une porte située à la gauche de la baie, porte qui donnait accès à quelques marches permettant d’atteindre le niveau intérieur et surélevé de ce qui était en réalité un magnifique petit salon plongé dans la pénombre. 
Il nous pria d’entrer, nous souhaita une bonne soirée et referma la porte en se retirant. 
Les filles devaient être des habituées du lieu, puisque sans hésitation, Michelle se dirigea vers la table basse que l’on distinguait à peine dans cette quasi-obscurité et manipulant un boîtier qui s’y trouvait fit jaillir la lumière. 
Tous les trois ébahis nous découvrions l’endroit. C’était en fait un salon de la taille d’une grande loge de théâtre. Et comme au théâtre, on avait vue sur la scène qui était la piste en contrebas, avec ses artistes – les danseurs – et se figurants, les clients attablés. Le mobilier de notre loge était composé d’une table basse rectangulaire d’environ un mètre vingt de long et soixante de large sur laquelle était posée une bouteille de champagne dans son seau, huit flûtes et quelques biscuits. Un étui en cuir qui devait contenir la carte de ce que proposait l’établissement, un chandelier trois branches avec ses bougies torsadées, deux cendriers et … un téléphone. De chaque côté de la table deux fauteuils profonds au dos arrondi avec un seul accoudoir de telle sorte que rapprochés, ils puissent former une banquette. A l’extrémité de la table opposée à la baie vitrée, une grande et large banquette, grande comme un lit, était recouverte de coussins de toutes tailles. Tous les tissus étaient de couleur bordeaux, les murs également. Dans l’angle de la pièce qui faisait face à l’escalier, une petite table haute avec un chandelier identique à celui de la table centrale et une boite en métal décorée d’un motif ancien.  
Ça vous plait les garçons ? demanda Anne 
Sur, c’est surprenant, mais agréable. Faut connaître. 
Oui, et je peux vous dire que peu de gens connaissent cet endroit si particulier. C’est un privilège d’y être admis.  
C’est un club ? 
En quelque sorte. Disons qu’il faut être dans les papiers du patron. 
Et toutes les trois, vous l’êtes ? 
Surtout Anne, dit Michelle. Sa sœur et son beau-frère dirigent la boutique. Alors quand on a envie de s’amuser, il nous accepte sans problème. 
C’est le géant qui nous a reçus ? 
Non ça c’est Germain, il fait office de surveillant et de calmant pour la clientèle qui aurait tendance à s’agiter un peu trop. Ici tout est permis, sauf foutre le bordel. Et crois-moi que si tu encours ses foudres, tu as du mal à t’en remettre. Tu as peut-être vu ses mains, de véritables massues.  
Bon si on s’installait, non ? 
Bonne idée.  
 
Anne distribua les places. Madeleine et moi côté droit de la table, Michelle et Gérard, côté gauche, Elle et Alain sur la banquette. 
Manipulant à nouveau le boîtier électrique, Madeleine baissa la lumière, fit en sorte que des haut-parleurs dissimulés quelque part au plafond nous permettent d’entendre la musique – ce qui me fit me rendre compte que l’endroit était parfaitement insonorisé – et dit « maintenant on va boire et s’amuser ». Se tournant vers moi, « Pascal, tu nous ouvres la bouteille ». 
Non ! dit Anne, pas celle-là.  
Se levant d’un bond, elle appuie sur l’un des boutons de ce boîtier qui décidément sert à tout. Trente seconde après, une porte non remarquée jusqu’alors s’ouvre dans le mur du fond près de la banquette.  
Vous avez sonné ? 
C’est moi, dit Anne. Tu vois pourquoi mon petit Jacquot ? 
Ah, d’accord. Je reviens. 
 
Quelques instant après il est de retour, un seau à champagne dans chaque main. Il les pose sur la table, tourne un peu les bouteilles dans le seau, nous demande si nous voulons qu’il les ouvre. Anne dit que non, on se débrouillera sans lui. Il s’en va, emportant avec lui la bouteille dont Anne ne voulait pas. La porte se referme et semble ne plus exister. 
Voilà, celle-là tu peux l’ouvrir. L’autre c’est de la piquette pour touriste ou ivrogne. Ce champagne là c’est du nectar. 
 
Je regarde l’étiquette : Roederer. Je pense que l’addition de la soirée va être plutôt salée et que nos pauvres soldes de militaires vont sérieusement être amputées. Heureusement j’ai sur moi mon carnet de chèques postaux, en espérant que mon compte soit suffisamment approvisionné. Bon vivons l’instant présent et vive Nantes et les Nantaises. 
J’ouvre la bouteille, fais sauter le bouchon et tout en emplissant les flûtes je repense à la dernière fois que j’ai fait sauter un bouchon de champagne. C’était aux Lecques, il y a déjà trois ans, une éternité, alors que j’avais près de mon visage le sein de Jacqueline qui allait devenir mon initiatrice dans l’art d’aimer. Trois ans déjà ! Que de chemin parcouru depuis. 
Oh ! tu penses à quoi là ? M’interpelle Gérard. 
J’essayais de me souvenir à quand remonte ma dernière bouteille de champ, mentis-je effrontément. 
C’était quand, me demande Madeleine.  
C’était quand je suis entré à l’armée, pour fêter ça. ( J’en étais plus à un mensonge près) 
 
Nous prîmes chacun nos verres et debout autour de la table, on trinqua à la soirée que nous passions ensemble, en formulant le vœu qu’elle soit la plus agréable possible. Après quoi, on s’assit dans les fauteuils moelleux que nous avions rapprochés et le monde autour n’exista plus.